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Notre imaginaire sur l’Afrique est communément bâti sur des paysages naturels, sur des espaces où la présence humaine est discrète et passagère. Ces paysages existent et j’ai la chance de pouvoir parfois m’en émerveiller. Images d’Épinal ou paradis perdus, ils sont à la fois le trésor et le carcan de l’Afrique rêvée par l’Occident.
Mais les espaces que je traverse sur le continent sont davantage urbains. Ils émergent d’une soif de modernité confrontée à la brutalité d’une raison économique, par ailleurs productrice d’ingéniosité technique ou sociale. Ils sont à chaque fois une carte d’identité de la vie des habitants. Pensées ou improvisées, les enclaves vertes des villes africaines transmettent immédiatement un sentiment d’apaisement dans le chao ambiant. Au gré de mes déplacements, je l’ai ressenti dans différents lieux.
Au Caire, je me suis ressourcée dans le parc Al Azhar. Cet îlot de sérénité m’a extraite du bruit et de la fatigue de la grande métropole. En parcourant ce lieu reconquis par la classe moyenne locale, je me suis réconciliée avec l’agitation de la rue.
Kampala est une ville verte sans espace vert. La sensation de nature est partout, sur chaque colline, les arbres forment un écran à l’activité urbaine. Malgré l’altitude de la ville et sa frénésie, on est libéré d’un éventuel étouffement par la nature présente à tous les coins de rue.
J’ai été sidérée par la forêt urbaine de Johannesburg. Un ouvrage humain impressionnant dans lequel la ville s’échappe et se recrée. Un poumon vert fait de millions d’arbres, en partie habité, pas vraiment sauvage mais espace salutaire dans une ville frappante de modernité.
La prise en compte de la nature dans les villes africaines est souvent évidente, même si elle se heurte parfois au modèle de villes minérales modernes. Bien souvent, la nature s’impose tantôt verte, tantôt poussiéreuse. Les espaces de respiration dédiés dans les mégapoles africaines sont indispensables. Indispensables pour créer de nouveaux liens sociaux, ou recréer des liens parfois oubliés.