du vendredi 3 septembre 1999
Philippe Stohr présente le programme « Ville » lancé en 1999 par le ministère de l’Education Nationale et de la Recherche. Ayant indiqué comment la mise en œuvre de ce programme se traduit sous la forme d’actions concertées incitatives ou de réseaux de recherche et d’innovation technologique, il souligne que l’action concertée incitative « Ville » est une action de recherche fondamentale et pluridisciplinaire. Il présente les axes thématiques du premier appel à propositions adressé aux chercheurs en sciences humaines et sociales et en sciences exactes, aux spécialistes de l’aménagement urbain, ainsi qu’aux collectivités locales, aux entreprises et à divers milieux professionnels. Ces thèmes ont été : dynamiques et mutations urbaines, la ville et les technologies, les milieux physiques et environnementaux urbains, la ville entre patrimoine et modernité. Il évoque enfin brièvement d’autres actions en préparation. Les questions posées ont porté sur la continuité de l’action, le financement, l’étude des pays du Sud, et l’existence éventuelle de sujets tabous.
Anik Osmont propose une réflexion sur trente années de recherche urbaine en coopération, la formation d’étudiants en thèse et leur devenir. Elle identifie tout d’abord les difficultés constamment rencontrées par ce domaine : cloisonnement des disciplines universitaires, contexte politique postcolonial rendant parfois difficile de se consacrer à une étude critique de ce qui se passait de manière contemporaine, cloisonnement du monde universitaire en aires culturelles, difficulté de constituer la ville comme objet de recherche. Elle évoque les activités menées par diverses institutions françaises (ENPC, CSTB, ORSTOM par exemple), l’essor de la recherche urbaine à partir de la fin des années 1970, puis l’identification des villes des pays en développement comme objet de recherche dans les années 1980. Elle distingue les phases de financement de ces recherches, la mise en place d’un programme de recherche par le ministère de la Recherche en 1985, aboutissant à une production forte et diversifiée. Puis ayant formulé quelques enseignements de cette période, elle questionne l’utilisation des recherches sur les villes du Sud.
Félix Damette, en s’appuyant sur des exemples de terrain de collaboration avec les bureaux d’études, traite des enjeux socio-économiques de la recherche en coopération. Dans un premier temps, il expose des réflexions sur la l’approche sociologique de la crise urbaine en France. Il aborde ensuite les enseignements que l’on peut tirer et les pistes à explorer, notamment pour la recherche urbaine, à partir des évolutions dans les pays du Maghreb qui sont confrontés à des problèmes de fond en matière d’aménagement et d’urbanisme et de conception de politique urbaine. Ses dernières réflexions, d’ordre relativement critique, portent sur l’approche de la pauvreté dans les pays d’Afrique subsaharienne.
Alain Durand-Lasserve (CNRS), en se fondant sur sa propre expérience de chercheur sur la question urbaine dans le contexte des pays en développement, et plus particulièrement sur les politiques foncières et de l’habitat, expose des réflexions sur les relations entre chercheurs et professionnels travaillant sur les villes en développement. Il observe que ce type de relation est plutôt rare en France, contrairement à ce que l’on peut observer dans les pays d’Europe du Nord, et plus encore aux Etats-Unis et au Canada. Il passe ensuite en revue les changements récents dans les rapports entre chercheurs et professionnels , indiquant les institutions travaillant sur la recherche urbaine dans les pays en développement, donnant une estimation du nombre de chercheurs travaillant sur les villes du Sud, soulignant le manque de données et l’opacité sur les collaborations entre chercheurs et professionnels, évoquant les tentatives à l’initiative de ministères ou d’administrations centrales, ou dans le cadre de grands programmes interdisciplinaires de recherche, d’institutions universitaires ou de recherche, ou de réseaux thématiques et de fondations, ou bien à l’occasion d’événements, de recherches contractuelles et d’actions incitatives, ou encore le cadre de certaines institutions publiques (la Caisse des Dépôt par exemple). L’auteur analyse ensuite les raisons pour lesquelles les relations entre chercheurs et professionnels sont si difficiles, avançant des explications d’ordre institutionnel (organisation des organismes de recherche), d’ordre culturel (habitudes, rythmes de travail, mode de communication). Dans la dernière partie de son exposé, Alain Durand-Lasserve présente le réseau N-Aerus (Network Association of European Researchers on Urbanisation in the South), ses objectifs et les motifs de sa mise en place. Il commente le problème posé par l’uniformisation des concepts et le modèle hégémonique de gestion des villes et les réponses que peut y apporter le milieu de recherche.
Eric Huybrechts, architecte-urbaniste et chercheur au centre d’études et de recherche du Moyen Orient qui dépend du ministère des Affaires étrangères, présente l’Observatoire de recherches sur Beyrouth et la reconstruction (l’ORBR) dont il est responsable. Il souligne l’unicité de l’implantation du Centre dans plusieurs pays de la région. Ces institutions servent de relais aux universités françaises et européennes, accueillent des thésards. Les thèmes concernent les questions sociales, la fragmentation urbaine, la division de type communautaire, et peu l’économie urbaine.
Après l’exposé de Galila El Kadi de l’IRD dont la communication sur l’Atelier de recherche comparative sur les métropoles n’a pas pu être retranscrite, Dominique Lorrain rend brièvement de ses travaux sur les aspects institutionnels de l’économie des réseaux urbains et notamment sur les spécificités du modèle français de services urbains. Il commente ensuite comment ces travaux et l’approche qu’il avait développée l’ont conduit en Chine où les études menées lui ont permis, d’une part, de mieux connaître la réalité des pratiques de gouvernement et d’administration des villes chinoises et, d’autre part, de mieux saisir et respecter la réalité d’une société, ce qui lui fait dire que des réformes imposées par des organisations extérieures, la Banque Mondiale par exemple, sont inapplicables.
Northern cities, Southern cities,
What kind of Training? What kind of Research?
Study day – 3 september 1999 « Synthesis »
This workshop set out to provide food for thought and discussion about the policies of administrations, the links between recent urban research publications, and the nature of cooperation between researchers and practitioners in order to meet effectively the expectations of the international model.
Philippe Stohr presented the “Cities” programme, (launched in 1999) by the Ministry of State Education and Research. After showing how this programme has given rise to concerted incentive actions and research and technological innovation networks, he pointed out that the “Cities” concerted incentive action is a fundamental and multidisciplinary research programme. He described the themes of the first call for proposals that was sent out to researchers in the human, social and physical sciences, urban planning experts and local authorities, firms and a range of professional groups. The themes in question were urban mutations and dynamics, the city and technology, urban physical and environmental contexts, the city between heritage and modernity. Last, he gave a brief description of other programmes in preparation. The questions asked concerned the continuity of the programme, funding, studies of countries in the South and the possible existence of taboo subjects.
Anik Osmont presented an analysis of thirty years of cooperative urban research, the training of doctoral students and their future. She began by identifying the difficulties which are a permanent feature of this field: the compartmentalization of academic disciplines, the post-colonial political context which occasionally makes it difficult to conduct a critical investigation of contemporary events, the compartmentalization of the academic research world into broad cultural areas, the difficulty of shaping the city into a research subject. She described the activities of a variety of French institutions (ENPC, CSTB, ORSTOM for example), the rise in urban research that started at the end of the 1970s, then the identification of the cities of developing countries as a topic for research in the 1980s. She identified the different phases of funding for this research, the setting up of a research programme by the Ministry of Research in 1985 which led to strong and diversified output. Then, having described some lessons to be learnt from this period, she questioned how research on the cities of the South is used.
Félix Damette, referring to field cases involving collaboration with consultancy firms, dealt with the socioeconomic issues in cooperative research. He began by presenting some thoughts on the sociological approach to the urban crisis in France. He then spoke of the lessons which can be drawn and the possible avenues to be explored, particularly for urban research, on the basis of developments for countries in Maghreb countries which face fundamental problems in the areas of planning and urban development and the establishment of an urban policy. He ended by making some relatively critical comments about the way poverty is approached in the countries of sub-Saharan Africa.
Alain Durand-Lasserve (CNRS), referring to his own experience as a researcher into urban issues in developing countries, particularly with regard to land policy and housing, spoke about the relationship between researchers and professionals working on developing cities. He remarked that this type of relationship is fairly rare in France, which differs in this respect from Northern Europe and, even more, the United States and Canada. He then surveyed the recent changes in the relationship between researchers and professionals, naming the institutions which are working on urban research in developing countries, giving an estimate of the number of researchers working in the cities of the South, emphasizing the lack of data and transparency with regard to collaboration between researchers and professionals, describing attempts made on the initiative of ministries or central administrations, or in the framework of major interdisciplinary research programmes, universities or research institutes, or thematic networks and foundations, or in the context of events, contractual research and incentive action, or in the framework of certain public institutions (the Consignments and Loans Fund for example). He then went on to consider why the relationship between researchers and professionals is so fraught, suggesting a combination of institutional reasons (the organization of research bodies) and cultural reasons (habits, working rhythms, modes of communication). In the last part of his statement, Alain Durand-Lasserve described the N-Aerus network (Network Association of European Researchers on Urbanization in the South), and described its objectives and the reasons it was set up. He commented on the problem posed by the uniformization of concepts and the hegemonic model of urban management and how the research community can help to solve it.
Eric Huybrechts, an architect and urban planner engaged in research at the Centre for Study and Research into the Middle-East which belongs to the Ministry of Foreign Affairs, described the research Observatory on Beirut and reconstruction (ORBR), which he directs. He mentioned that the Centres have no equivalent in many countries in the region. These institutes represent French and European universities and receive doctoral students. The topics covered relate to social issues, urban fragmentation, community divisions, and, to a lesser extent, the urban economy.
After the presentation by Galila El Kadi of the IRD whose paper on the comparative research workshop on metropolises has not been transcribed, Dominique Lorrain gave a brief account of his research into the institutional aspects of urban network economics, with particular reference to the French model of urban services. He then described how this research and the approach he developed led him to China where his studies gave him a better understanding and acceptance of governmental administrative practices in Chinese cities and a better understanding of Chinese society, which prompted him to state that reforms that are imposed by external bodies, such as the World Bank, are impossible to apply.