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L’aménagement et l’urbanisation des villes secondaires constituent une problématique majeure pour les pays en développement.
Pôles d’équilibre territorial « secondaire », elles constituent des territoires vitaux de développement social et économique de ces pays. Leur développement se fait de manière naturelle indépendamment des mégapoles. Mais il semble aussi pouvoir être une solution pour limiter la croissance de ces mégapoles. L’échelle de ces dernières, aujourd’hui et probablement plus demain, générera des problèmes de plus en plus complexes (congestion, pollutions…). Le développement des villes secondaires permettra de renouer au plus près le lien entre les territoires ruraux et urbains afin de répondre à l’un des défis actuels : le continuum et les interdépendances rural-urbain, notamment en termes d’approvisionnement.
Au plan sémantique, très vite, le terme de « ville secondaire » provoque une hésitation, voire une aversion qui aurait pour origine la contestation face à une pensée centralisatrice… et jacobine ! Les villes périphériques font face à la macrocéphalie de la ville centrale, capitale économique avant d’être capitale politique : Cotonou / Porto-Novo, Douala / Yaoundé, Abidjan / Yamoussoukro, Lagos / Abuja/, São Paulo / Brasilia/, Ho Chi Minh-ville / Hanoi…
Ce ne serait pas seulement des centres secondaires, mais des villes « intermédiaires », des relais de croissance et de développement situés au milieu d’une chaîne. Elles pourraient même être « moyennes », et voire même petites, si l’on prenait en compte cette fois non plus leurs fonctions, mais leur taille.
Au-delà de révéler des susceptibilités face à une inégalité de traitement des territoires urbains, l’exercice linguistique met en exergue à quel point il est difficile de « maîtriser » ces objets territoriaux. Ils demeurent de formidables « espaces vécus » par une population de plus en plus nombreuse. Certes, ces villes sont souvent difficiles d’accès : routes souvent mal entretenues, liaisons aériennes parfois erratiques. Elles doivent donc mobiliser davantage de moyens financiers (ressources propres, aides de l’État, investissements) pour faire face aux besoins de leurs habitants, qui vont aller croissant.
Leur taille, plus modeste, la relation directe ville/campagne leur permettent-elles, d’être plus flexibles, plus « agiles », plus inventives et plus adaptées à une échelle humaine, contrairement aux grandes métropoles ? C’est tout l’enjeu, à notre avis, de porter notre regard sur ces objets urbains. Ils constituent un champ d’investigation de plus en plus poussée et un champ d’action pour la mise en œuvre d’une réelle décentralisation, tant vantée, mais parfois tant freinée par un pouvoir central jaloux de ses prérogatives.
Benjamin Michelon, président d’ADP