Risques Urbains et Développement Durable
Le dîner de l’AdP s’est déroulé cette année à Paris, avec la participation de 26 personnes dont 6 étudiants représentant le Master Ingénierie des Services Urbains en Réseau dans les Pays du Sud (ISUR) de l’Institut d’Etude Politique de Rennes.
Les interventions de deux membres de l’Institut de Prévention et de Gestion des Risques urbains (IPGR) ont permis d’aborder le thème de la gestion des risques urbains et du développement durable.
Après un bref rappel des objectifs de l’association AdP par son Président, M. Claude JAMATI, et une introduction par Pierre Laye sur l’inégale répartition Nord/Sud de l’occurrence qu’un risque se transforme en catastrophe, la parole est laissée à M. Claude COLLIN, Président et animateur du Conseil Scientifique et technique de l’IPGR.
Meknès, à la redécouverte de ses risques urbains
Au cours de son allocution, M. COLLIN nous a montré que la gestion des risques est aujourd’hui développée dans les pays du Nord (notamment avec l’exemple de la ville de Marseille), mais qu’elle représente également un réel enjeu pour les pays en développement qui se préoccupent plus des politiques de mitigation que de celles traitant de la gestion post-crise.
Afin d’illustrer ces propos, M. COLLIN s’est appuyé sur l’exemple de la région de Meknès au Maroc où l’IPGR a été mandaté par l’UNESCO pour mener une étude de faisabilité portant sur la réalisation d’un SIG pour la gestion des risques.
Déroulement de la mission : Le travail de l’IPGR s’est déroulé sur deux ans. En arrivant sur le terrain, les personnes mobilisées se trouvent confrontées à une absence de carte numérisée. Il faut alors entreprendre un long travail de recueil et de traitement des données. En effet, toute culture du risque avait été effacée des mémoires par le temps. Or Meknès cumule les facteurs d’exposition : risques sismiques, risques hydrologiques, et plus récemment risques industriels avec l’implantation d’une zone à proximité de la ville (sous les vents dominants).
La première observation des experts de l’IPGR était en relation avec la prise en considération de cette zone industrielle pour des questions de sécurité (retours d’explosion sur la ville). La seconde concernait le réseau d’assainissement de la ville qui déversait l’ensemble des eux usées dans l’oued qui lui-même irriguait les cultures maraichères provoquant un fort risque d’épidémies.
L’objectif final de la mission fût de doter la collectivité locale de Meknès des outils nécessaire à l’élaboration d’un outil de gestion des risques, et surtout, de sensibiliser à la culture de la prévention risque aux dirigeants et aux populations locales. Malgré un faible taux d’informations disponibles, l’IPGR a déterminé des zonages d’aléas, les a traduits sur une cartographie sommaire et a effectué un rendu à l’UNESCO.
Cela vient souligner un point essentiel dans l’élaboration de plans d’intervention : le plus important ne consiste pas à posséder l’ensemble des informations relatives aux risques sur un territoire (même si cela est un plus indéniable dans le processus de prévention des catastrophes) mais bien plus à sensibiliser les décideurs à l’importance de les prendre en compte dans la réalisation d’infrastructures urbaines.