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Éditorial
Comment travailler sur les villes portuaires africaines à l’orée de leur intégration croissante dans les flux maritimes mondiaux et de la vague démographique anticipée ?
Ce numéro reflète une volonté de faire évoluer les agglomérations portuaires vers un aménagement plus responsable et pragmatique. Les analyses se prêtent naturellement à la vision des 17 objectifs de l’ONU-Habitat mais aussi à ceux de l’Agenda 2030 de l’Association internationale des villes portuaires (AIVP), qui applique les objectifs onusiens à la sphère des relations ports-villes.
Dans cette veine, un premier groupe d’articles traite de diagnostics stratégiques, de configurations de gouvernance et de partenariats avec le secteur privé, s’adaptant à une donne constamment évolutive. Les articles de Thomas Moreau et Amaury de Muizon, Véronique Pescatori, Brigitte Daudet, Laurent Thorrance et Yann Alix y portent une attention particulière.
Les agglomérations littorales sont plus vulnérables au changement climatique que leurs soeurs de l’intérieur. Plus populeuses et mieux nanties, elles sont ainsi des lieux d’innovation pour une meilleure organisation économique, mais aussi sociale et environnementale. C’est sur ces points d’intérêt que traitent les articles de Laura Ginisty et Michel Caron. Le premier article, par le biais d’un diagnostic empreint d’une remarquable humanité, exprime le désemparement de générations entières subissant les ravages des activités portuaires. Le deuxième s’interroge entre autres sur ce qu’implique la notion de « pôle de compétitivité » à l’heure où la sobriété devrait justement contrecarrer cette vision d’une croissance perpétuelle dite « durable ».
Dans un nécessaire retour sur les fondations de l’aménagement, Véronique Pescatori revient sur l’aspect central que le foncier et la fluidification des mouvements jouent dans le choc de croissances opposant villes et ports. L’étude de cas proposée par Sébastien Goethals sur le rôle du ferroviaire à Conakry démontre le potentiel qu’un projet d’infrastructure urbaine et régionale peut comporter en bénéfices sociaux et environnementaux. Dans une relation de symbiose finement illustrée par Claude I. Dossou, l’interdépendance stratégique entre les ports et les villes frontalières de pays enclavés conditionne leur prospérité respective et contribue à une plus grande stabilité socio-économique régionale.
Les possibilités que recèle une approche logique et coordonnée à long terme sont grandes, comme l’écrivent, dans un article collectif, Yann Alix, Philippe Guillaumet et Jean-Marie Koffi. Tout se jouera tout de même sur de multiples fronts d’intervention, car aucun mouvement à lui seul ne saura changer le cours d’un « progrès » souvent désastreux, typique des récentes décennies.
