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Se documenter sur le paysage et les villes en développement oblige à passer par les manuels, les guides de bonnes pratiques, sans même que le paysage n’y soit un point d’entrée. Dans les pays du Sud aussi, le paysage s’est affirmé depuis quelques décennies comme une clé de lecture et d’action. Mais la diversité des interventions rend encore difficile de les identifier et d’exprimer la complexité liée aux différentes approches mises en oeuvre autour du paysage.
Il faut donc dans un premier temps se référer aux travaux de professionnels défricheurs. Si aujourd’hui les paysagistes publiant sont principalement des hommes (G. Clément, A. Chemetoff, M. Corajoud, M. Devignes.), un article de Bernadette Blanchon rend hommage aux femmes paysagistes pionnières en France. Les parcours d’Ingrid Bourne, Isabelle Auricoste et Marguerite Mercier reflètent la façon dont les engagements profonds de certaines femmes dans des idées et des pratiques alternatives ont élargi le domaine de l’architecture du paysage et ouvert de nouvelles perspectives.
Parmi les contemporains, on retiendra l’ouvrage consacré à l’Agence TER. En amont des projets d’urbanisme, ces paysagistes ont en commun de participer à la conception d’un « urbanisme des milieux vivants », prenant le paysage comme un cadre global. « Il s’agit dorénavant de croiser gestion des eaux, vie urbaine, situations et acteurs au sein d’une démarche de co-construction. L’ambition est de créer des territoires écosystémiques. »
L’histoire peut aussi nous éclairer sur la pratique. Mounia Bennani, dans Villes – paysages du Maroc, dresse un panorama de l’art des jardins et de la création des villes au Maroc. La paysagiste montre que si le Royaume est réputé pour avoir été dès 1912 une nation-laboratoire où ont été expérimentées de nouvelles méthodes d’urbanisme et d’architecture, il s’est aussi illustré dans la mise en oeuvre d’une intéressante stratégie nationale de paysagisme urbain et d’un réseau patrimonial de parcs et jardins publics.
Enfin, il n’est pas interdit de puiser dans les productions artistiques, comme celles d’Edoardo di Muro. Dans son album Afrique capitales, richement illustré, l’Afrique des villes apparaît, avec la variété des formes d’habitat, la diversité ethnique, les contrastes sociaux. Scènes de rue, de marché, petits métiers, sont décrits avec le plus grand réalisme. Les dessins s’apprécient pour leur valeur documentaire.
Agence Ter, sous la direction d’Ariella Masboungi, L’Urbanisme des milieux vivants, Ed Parenthèses, 2019.
Bernadette Blanchon, Trois femmes paysagistes pionnières en France, in Livraisons d’histoire de l’architecture, n°35, p125-138, 2018.
https://journals.openedition.org/lha/983
Edoardo di Muro, Afrique capitales. Ed Sepia, 1995.
Mounia Bennani, Villes – paysages du Maroc: Rabat, Marrakech, Meknès, Fès, Casablanca, La Découverte, 2017.
