Téléchargez le bulletin complet
Pourquoi aborder la question « le paysage et les villes du Sud » dans le Bulletin Villes en développement aujourd’hui ? Elle ne nous renvoie pas à un objet clairement identifié. Le rapport entre les deux objets demeure délicat et paradoxal.
Le paysage est une catégorie légitime de la géographie rurale qui désigne d’abord l’idée de nature. Aujourd’hui encore, beaucoup de projets urbains sont engagés sans aucune réflexion sur le paysage qui serait un « luxe » réservé aux pays occidentaux. Quand elles sont menées, on constate une véritable difficulté à aller au bout des intentions.
En outre, résultant de cette absence de retour d’expériences, les modèles de gestion et d’entretien des paysages restent des angles morts. Cela nécessite de mobiliser des fonds et de faire se parler des mondes très distants les uns des autres.
Pour autant, aujourd’hui, à l’heure de la métropolisation et du changement climatique, la relation de l’urbain à la nature est éminemment problématique. La nouvelle vogue de sujets comme l’agriculture urbaine ou les espaces verts de proximité permet un retour du sujet dans le débat autour des projets concrets d’aménagement dans les villes du Sud.
Le discours sur la nature et la prise en compte de l’environnement amènent à repenser et réinvestir autrement les centres-villes, mais aussi des interstices, des berges de fleuve qui pouvaient être perçus comme des espaces de marges, pour le meilleur et pour le pire, tant les usages et les appréciations sur ces lieux peuvent être différents.
Même si c’est encore balbutiant, nous avons souhaité porter ce thème, encore peu traité, dans ce numéro pour questionner des praticiens sur leurs savoir-faire et
leurs approches et amener à réfléchir sur l’évolution des métiers. C’est dans ce sens qu’Alfred Peter et Ariella Masboungi nous offrent leurs approches du métier et enrichissent la conception du paysage. Mounia Bennani et Léna Bouzemberg évoquent la question paysagère dans le projet d’urbanisation et de restructuration de la vallée du Bouregreg au Maroc. Anaïs Prével et Frédéric Ségur proposent, sur la base de leurs expériences au sein du Grand Lyon, une lecture par échelles de l’approche paysagère. Stéphanie Rivoal nous rappelle que la question du paysage est vitale pour apporter des respirations dans la ville.
Loin d’épuiser un sujet qui s’intégrera, nous l’espérons, dans des approches transversales au sein de futurs projets urbains, ce numéro vise donc à poser les bases d’un questionnement et d’une approche qui, pour l’heure, restent encore trop peu mis en avant.
Benjamin Michelon